Beautiful won’t fix broken

Depuis quelques semaines, j’ai ressenti le besoin de mettre des mots plus clairs sur ce qui m’occupe depuis un bon moment déjà. Pourquoi ? Parce qu’entre Montréal et Paris, mes collègues, mes partenaires — et même mes amis — n’entendent pas la même chose quand je parle de design stratégique, de design de transformation ou de design d’entreprise.

Et devinez quoi ? Chez les francophones comme chez les anglophones… même flou artistique.

On a tendance à associer le mot “design” à l’esthétique. Des logos qui séduisent. Des intérieurs qui apaisent. Des sites qui vendent. Des robes élégantes. Des voitures qui brillent. Des posters qui claquent. Bref : du beau.

Mais le design, ce n’est pas (que) du beau. C’est “how things work”, comme disait un certain Steve Jobs. Donc, oui : – On peut designer un projet. – Une équipe. – Une business. Et c’est même mieux quand on le fait de manière intentionnelle.

Think in systems. Act with intent.

Le design d’entreprise, le design stratégique, le design de transformation… appelez ça comme vous voulez. Ce sont des approches pour arrêter de rafistoler des symptômes — et commencer à repenser les systèmes.

Pas pour “faire joli”, mais pour créer du sens, de la clarté, de l’impact là où règnent complexité et inertie. On ne cherche pas à produire un livrable et basta. On cherche à transformer une trajectoire.

Et pour ça, il faut poser les vraies questions :

– Pourquoi ce problème existe-t-il vraiment ?

– À qui profite le statu quo ?

– Et qu’est-ce qu’on évite de faire… pour ne pas déranger ?

This is not aesthetics. This is architecture.

On mobilise la pensée systémique. Le prototypage stratégique. La visualisation des tensions. Et l’intelligence collective (la vraie, pas juste des post-its décoratifs).

Le but ? Révéler ce qui bloque. Nommer ce qui est possible. Construire des réponses qui tiennent la route.

Même quand ça secoue.

Le design stratégique ne vend pas des solutions toutes faites. Il fabrique des futurs. Et il vous embarque dedans.

OK, mais concrètement, ça ressemble à quoi ?

Déconstruire.

Comme ces enfants qui démontaient leurs jouets pour comprendre comment ça marche. Nous, c’est pareil — sauf qu’on démonte des structures, des process, des récits. Pas pour le plaisir, mais pour comprendre. Et pour reconstruire autrement.

Et pour ça, il faut ouvrir le capot. Pas juste lire le brief. Pas juste parler entre experts. Oui, tous les consultants disent ça — mais nous, on a quelques cartes en plus côté méthode. Et on ne se contente pas de workshops en série ou de slides fades.

Comprendre.

On ne comprend pas en salle fermée. On comprend en écoutant ceux qui vivent la réalité. Avec eux. Pas à leur place. On n’a pas la science infuse, mais on a de bonnes questions, des outils, des façons d’avancer à plusieurs. Et ça permet de…

Reconstruire.

Pas à l’identique. On ne vise pas le “moins pire”. On vise le préférable. Et ça veut dire : réaliste, applicable, soutenable. On ne s’arrête pas au classique “réduire les coûts, augmenter les profits”. On reste. On aide. On ajuste. On construit avec.

Parce que la stratégie, ça ne se fait pas contre les équipes. Ça se fait avec elles.

Beautiful won’t fix broken. Strategy might.

En résumé.

Le design stratégique, c’est une posture, une discipline, un levier. C’est une manière de poser les bonnes questions, de découvrir d’autres scénarios, de clarifier des décisions. De visualiser des choix. Et d’ouvrir la voie à ce qu’on n’osait pas encore imaginer.

Ça existe depuis longtemps. On a juste décidé que ça valait la peine d’en faire un vrai métier.

(Comme l’art du Kintsugi, mais adapté aux entreprises)


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