Les Canadiens et le repreneuriat (la reconstruction)

*Avertissement : C’est surtout un prétexte pour parler de hockey. Vous pouvez aussi utiliser ce texte pour vous informer… et pour plugger 2-3 affaires à vos collègues cette semaine.

Le Canadien de Montréal était à trois matchs d’une coupe. Le plus près depuis… depuis la dernière en 1993, en fait.

Puis, Carey Price se blesse. Carrière finie. Être gardien de but, c’est dur sur les genoux. J’en sais quelque chose.

Et Shea Weber… blessé lui aussi. Carrière finie.

Et après… L’équipe se vide. Bye bye Phillip Danault et ses conférences de presse avec d’la pizza.

Bye bye Jesperi Kotkaniemi (pas une grosse perte).

Bye bye Tomas Tatar, le vétéran.

Bye bye Corey Perry, le fouteur de trouble.

Le CH en reconstruction.

Et c’est là que commence la comparaison avec le monde du travail. En reprenariat, une des premières choses qui changent, c’est la direction. OK, on peut garder du monde en place, mais y’a au minimum un nouveau boss.

Donc, Jeff Gorton a été nommé vice-président exécutif des opérations hockey, Kent Hughes a été embauché comme nouveau directeur général, et Martin St-Louis a été nommé entraîneur-chef.

C’est là que la reconstruction commence.

Mais une restructuration… ça prend combien de temps? Eh bien, des années, les amis.

Et c’est pareil pour nos entreprises et nos startups.

C’est sûr que gagner la Coupe, c’est l’objectif de tout le monde, mais pour y arriver, ça prend une stratégie… et de la patience.

De 2021 à 2025

L’objectif n’était pas d’être 1er. L’objectif c’était de comprendre qui on à comme joueurs. Sur qui on peut compter et sur qui on change. Suzuki. Good. Caufield Good. Jeune bon potentiel. Gallagher lui? Il a ralenti mais… Ça prend un peu de leadership et d’émotions pour les jeunes. Ah un un goaler. On a besoin d’un Goaler qui va survivre a des années de misères.

La culture d’entreprise

Quand on ne gagne pas pendant plusieurs années, une culture nocive finit par s’installer dans l’équipe. C’est pour ça que la direction parle autant de culture. On mise sur le développement, la responsabilisation et l’apprentissage.

En gros… il faut de la patience.

Une bonne partie de l’équipe vient tout juste d’avoir l’âge légal pour boire de l’alcool quand ils jouent aux États-Unis.

On va perdre. On va faire des erreurs. Mais on va apprendre.

Ces réflexions devraient aussi s’appliquer à une entreprise — surtout si elle est en construction ou en transition.

Les risques

Bon, à court terme, on sait qu’on ne fera pas les séries et qu’on sera pas compétitifs.

Donc, à long terme?

Dans le contexte du hockey, ça veut dire échanger des joueurs avec du talent actuel contre d’autres joueurs ou des choix au repêchage — des espoirs qui pourraient devenir meilleurs dans le futur.

Oui, c’est un jeu de « risk/reward », mais quand c’est bien exécuté… eh bien, c’est une stratégie qui peut fonctionner.

Voici les quelques derniers risque du canadiens des dernières années :

Lane Hudson – Celui qui bat les statistiques

Il a battu plein de records pour une recrue cette année. Il a même dépassé les marques de Chris Chelios et Raymond Bourque. C’est pas des petits noms, ça! Et pourtant, c’était un risque — il est petit… un des plus petits de la ligue, en fait. Il a été sélectionné au 62e rang lors de son repêchage… et aujourd’hui, il est numéro un.

Juraj Slafkovsky – La complémentarité > le talent individuel

Le choix de première ronde de 2022 était lui aussi un risque. Cette année-là, Shane Wright était le grand favori. Et quel drama quand il n’a pas été sélectionné! Aujourd’hui, l’ailier est celui qui a le plus de points de sa cuvée, mais surtout… Il commence à jouer physique. Il crée de l’espace pour Suzuki et Caufield. Il y a une belle synergie entre ces trois-là.

Patrik Laine – Le retour d’un burnout

Cet été, le Canadien est allé chercher un joueur très talentueux, mais qui sortait du Programme d’aide aux joueurs. Lui aussi était en reconstruction… mais,  personnelle. Il devait réapprendre à aimer jouer au hockey. Eh bien, ce fut un bon retour au jeu. Beaucoup de buts en avantage numérique. Ça ajoute de la profondeur à l’équipe.

Et la profondeur, c’est quand tes 4 trios sont bons… mais chacun à leur façon. 😉

Ivan Demidov – La politique

Un Russe, dans un contexte socio-politique pas facile.

Même en Russie, il battait des records dans la KHL, mais… allait-il seulement pouvoir traverser l’océan et venir jouer ici?

Bon… c’est fait. Et déjà, on comprend le risque. Il est déjà bien aimé… mais calmez-vous les p’tits! Ça fait juste deux matchs qu’il joue.

Une carrière, c’est long…

Mais j’suis ben énervé pareil!

Le support

Brendan Gallagher – Lead par le cœur

Blessés et/ou au ralenti depuis 2021. Et pourtant, ils sont toujours là. Mais pourquoi? On revient encore à la culture. Gallagher, aussi surnommé le petit guerrier, connaît sa meilleure saison depuis 2019-2020.

C’est le leader d’expérience de l’équipe. Il est l’exemple parfait du gars qui a le cœur à l’ouvrage.

Sam Montanbault – Comme un P.O.

Le gardien de but le plus patient qui soit. Déjà, être gardien de but, c’est ingrat. Un peu comme Project Owner (ou chargé de projet), en fait. Si tu gagnes, c’est grâce aux joueurs. Si tu perds, c’est ta faute. Bon, c’est plus compliqué que ça… mais c’est souvent l’impression que ça donne.

Josh Anderson – Le collègue qu’on ne peut se passer

Lui, après une année difficile, s’est remis à mieux jouer. Il a même été sélectionné pour représenter l’équipe en nomination pour le trophée Bill Masterton Memorial — un honneur remis chaque année à un joueur de la LNH qui incarne la persévérance, l’esprit sportif et le dévouement envers son sport.

Parce qu’y’a pas juste les points qui comptent dans la game.

La base de la stratégie

Et on revient à Nick Suzuki et Cole Caufield. La base de la stratégie. Ceux qui, il y a quatre ans, avaient montré du potentiel. C’est autour de ces deux-là que les choix ont été faits. Pour les faire grandir… et pour qu’ils puissent, à leur tour, élever les autres.

Cette année, Caufield a marqué 37 buts — la dernière fois que quelqu’un avait atteint ce plateau, c’était Pacioretty, il y a dix ans.

Et Suzuki a récolté 89 points — la dernière fois qu’un joueur du CH avait fait ça, c’était Pierre Turgeon, en 1996, avec 96 points.

Une stratégie, c’est long terme

Nous sommes à la quatrième année de la reconstruction du Canadien de Montréal. Le but, ce n’était toujours pas de gagner la Coupe Stanley, mais bien de faire partie du “mix”. Ou, pour celles et ceux qui ne connaissent pas trop le hockey mais qui ont tenu bon jusqu’ici… disons : être dans la course aux séries.

Et ça, c’est chose faite cette année.

On va l’avoir quand, cette Coupe Stanley, à Montréal?

Ça, c’est impossible à prédire. Comme je le disais au début de l’article, prenez ceci en considération : Le Canadien — deuxième équipe la plus jeune de la ligue — est maintenant compétitif.

Suzuki : 25. Caufield : 24. Hudson : 21. Slafkovský : 21. Demidov : 19.

Et ça… c’est épeurant pour les autres équipes.

Parce que c’est LinkedIn

Cette reconstruction, c’est un peu comme le repreneuriat.

Ou du moins, on y retrouve plusieurs des mêmes mécanismes qu’on observe… et qu’on conseille à nos clients de considérer.

Comment voulez-vous que les gens de votre équipe se comportent?

Quelle devrait être votre culture?

Soyez patients. Une culture, ça se vit… et ça se transforme sur des années.

Autour de qui va-t-on construire?

Comment les gens seront-ils complémentaires?

Qui sont ceux qui auront des rôles plus ingrats?

Et comment va-t-on équilibrer la vigueur et l’énergie des jeunes avec l’expérience des vétérans?

Et enfin, quelles métriques allons-nous suivre pour observer cette transformation?

Les points de 2-3 joueurs, c’est pas suffisant.

Il faut aussi gagner en équipe.

Sur ce… bonne fièvre des séries!


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