Coopétition et Superhéros

Es-tu plus du genre Capitaine America, Hulk et Iron Man — ou plutôt Son Goku, Monkey D. Luffy et Naruto?

Je ne suis pas en train de lancer un quiz de fond de baril pour générer des clics ou récolter des réactions avec des émojis. Je veux parler de culture — de culture sociale, de culture d’entreprise — et d’un concept qu’on appelle la coopétition.

La semaine passée, je suis tombé sur un article amusant de Peter Merholz qui parlait de faire évoluer sa carrière en s’inspirant de Pokémon et de Salamèche… Alors pourquoi ne pas utiliser la pop culture pour illustrer un point de vue?

C’est quoi, la différence entre les superhéros américains et japonais?

Les superhéros américains

Commençons par la manière dont la plupart des superhéros américains prennent forme.

Capitaine America est le produit d’une expérience militaire. Et, comparé aux autres qui ont reçu le même sérum, sa transformation fonctionne parce qu’il a le cœur pur.

Hulk — notre géant vert préféré avec de sérieux problèmes de gestion de colère — est lui aussi le résultat d’une expérience militaire. Il réussit à garder un semblant de contrôle seulement parce que c’est un scientifique de génie.

Iron Man? Son pouvoir, c’est l’argent. Un héritage de son père, qui a fait fortune en vendant des armes… à l’armée.

Autres exemples notables : Spider-Man, mordu par une araignée radioactive; Thor, un dieu; et tous les X-Men, qui ont des mutations génétiques.

C’est vrai, ils ne sont pas tous liés à l’armée, mais beaucoup reçoivent leurs pouvoirs comme un cadeau, un truc qu’ils doivent ensuite apprendre à maîtriser.

Les superhéros japonais

Passons maintenant à leurs homologues japonais.

Son Goku est un Saiyan (d’une autre planète) et son histoire commence alors qu’il est encore jeune. Chaque arc suit à peu près le même modèle :

« Oh non! Un méchant [monstre, robot, alien, etc.] ultra puissant débarque sur Terre pis nous ramasse solide. Faut s’entraîner pendant une saison pis aller lui remettre ça dans les dents. »

Alors il s’entraîne — jusqu’à ce que sa puissance dépasse les 9000!!! (Oui, c’est une référence geek.)

Monkey D. Luffy, futur roi des pirates, mange un Fruit du Démon — un fruit qui lui donne des pouvoirs, mais pas des plus impressionnants. Il devient… élastique. C’est tout. Un gars-caoutchouc.

Et pourtant, ce « niaiseux » au mental incassable s’entraîne — surtout en se battant. Il se fait souvent démolir, mais il revient encore et encore, jusqu’à gagner le combat clé.

Naruto, un orphelin qui rêve de devenir Hokage (le ninja #1 et en gros, le « président » de son village), commence comme un p’tit fatigant, pas pris au sérieux. Il a un immense potentiel, qu’on découvre au fil de l’histoire, mais il doit travailler fort pour y arriver.

Il s’entraîne avec ses camarades, ses mentors, et surtout, avec un rival-ami : Sasuke, le cool emo surdoué.

Autres exemples notables :

  • One Punch Man – 100 push-ups, 100 redressements, 100 squats et 10 km de course chaque jour.
  • Izuku Midoriya (Deku) – A dû entraîner son corps avant de recevoir ses pouvoirs.
  • Tanjiro Kamado (Demon Slayer) – S’est entraîné auprès de plusieurs maîtres, toujours en équipe.

Dans les mangas shōnen japonais, on devient fort en s’entraînant, pas en naissant spécial.

Et les méchants dans tout ça?

Ce texte m’a aussi fait réfléchir aux vilains — et là aussi, il y a une tendance claire.

Dans les histoires classiques de superhéros américains, les méchants doivent être arrêtés. Où finissent-ils habituellement? En prison… jusqu’à la suite, bien sûr — parce qu’ils se sont encore échappés. Batman pourrait en parler longtemps. Arkham Asylum, ça vous dit quelque chose?

Et au Japon?

Pas mal de méchants… deviennent des alliés.

Son Goku s’est lié d’amitié avec Piccolo, Vegeta, Ten Shin Han, les Androïdes 17 et 18, Majin Buu, et plein d’autres.

Monkey D. Luffy a transformé plusieurs ennemis en membres de son équipage ou en alliés : Nico Robin, Franky, Jinbe, Trafalgar D. Law… et le plus fidèle de tous : Bon Clay (Mr. 2).

Même chose pour Naruto : il a fini par rallier Gaara, Neji, Nagato/Pain, Itachi, Sasuke, Obito, et même Orochimaru.

T’as entendu parler de la coopétition?

Pourquoi toutes ces références à la culture pop?

C’est une manière ludique de parler de la coopétition.

La coopétition, c’est un mélange de coopération et de compétition. C’est quand des rivaux travaillent ensemble vers un but commun, tout en continuant de se challenger sur d’autres plans.

Et honnêtement, j’aime ce concept. Je le vois dans notre écosystème local et dans les communautés dont je fais partie.

Si je devais résumer la mentalité du superhéros shōnen japonais, ce serait simple :

  1. Entraîne-toi, encore et encore.
  2. Trouve des rivaux pour te pousser plus loin.
  3. Mange une volée — relève-toi et recommence.
  4. Transforme tes rivaux en alliés — et bâtis quelque chose de plus grand.

Et toi, c’est quoi ta mentalité?

Avec le temps, les personnages sont devenus plus nuancés. Autant les héros américains que japonais ont emprunté des éléments à l’autre culture. Et, heureusement… les héros ne sont plus juste des hommes. Mais malgré tout, on peut encore observer des tendances culturelles.

Interface25 : Coopétition depuis 2010

J’écris ça parce qu’en 2010, quelques agences en compétition ont décidé d’organiser un événement qui profiterait à tout le monde — un projet plus grand que la somme de ses parties. Ce qui a commencé comme WaQ, un événement de 200 personnes, renaît cette année sous le nom d’Interface.

C’est encore construit par des compétiteurs qui adhèrent à cet esprit de coopétition — ce mindset inspiré des mangas shōnen :

S’entraîner fort, se challenger, grandir ensemble et bâtir quelque chose de plus grand.

Alors merci d’avoir lancé ça avec cette mentalité-là à l’époque, et merci à la communauté de garder cette tradition (et cette culture) bien vivante.

Cheers et bon Interface25!


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